18 nov. 2013

828 - Pour en finir avec l’expression « Records Management » (1/4)

Lorsque l’Organisation internationale de normalisation ISO a publié en 2001 la version française de la norme 15489 sous le titre Information et documentation -- « Records Management », j’ai été déçu de constater que les membres francophones du sous-comité ISO/TC 46/SC 11 n’avaient pas proposé une dénomination propre à la Francophonie. Déçu, mais pas vraiment surpris, connaissant la propension de nos cousins français d’intégrer dans la langue de tous les jours des expressions anglaises. Ce qui choque toujours de l’autre côté de l’Atlantique, dans un Québec toujours à la recherche du mot juste de la langue de nos ancêtres.

En 2001, il semble qu’un certain nombre de nos collègues français ont fait la découverte du concept de « Records Management », eux qui ont brillé et ont grandement influencé les archivistes du monde entier dans les principes et les méthodes de gestion, de protection et d’exploitation des documents d’archives de conservation permanente. Avec en référence la normalisation australienne, cet éveil face à la nécessité de gérer les documents en amont des archives a généré un engouement croissant pour cette fonction essentielle à l’organisation, l’enregistrement, la conservation, l’utilisation et la gestion sécuritaire du cycle de vie des documents créés, reçus et expédiés de plus en plus en format technologique par les services publics et les entreprises.

Mais quelle satisfaction de constater une dizaine d’années plus tard la publication des normes de la série 3030X sous le titre Information et documentation -- Systèmes de gestion des documents d'activité et la nouvelle appellation du sous-comité ISO/TC 46/SC 11 (Archives/Gestion des documents d’activité) ! Un consensus de 26 pays qui en dit long et qui prévaut sur certaines opinions individuelles à la recherche d’expressions parfois vides de sens.

Car il faut bien le dire, depuis quelques années, des traductions simplistes, voire ridicules, sont proposées dans le milieu professionnel. Le meilleur exemple est certainement « La gestion des enregistrements ». Il dame le pion à « La gestion des disques » lancée par le traducteur d’un conférencier anglophone dans un congrès d’une association scientifique canadienne, il y a plusieurs années, qui avait d’ailleurs provoqué l’hilarité de la salle… « La gestion des enregistrements » est une expression tout aussi risible. Quant à la « Gestion des documents » ou la « Gestion documentaire » abondamment utilisées au Québec, ces appellations pêchent par leur manque de précision quant à l’objet de gestion.

Gestion des enregistrements -- On conviendra qu’on peut enregistrer n’importe quel type d’objet dans un registre : un document, un livre, une boîte de conserve, un citoyen qui vote à la mairie, un animal de compagnie auprès des autorités…

Document -- En soi, le terme est trop vague étant donné que l’objet se définit comme étant de l’information portée par un support quelconque (principalement papier ou support technologique) : on pourrait avoir affaire à des documents « d’activité », mais aussi à des livres, des dévédés de films commerciaux, des cédéroms de musique, des œuvres d’art et des pièces muséologiques… Il en est ainsi pour la « gestion documentaire ». Pour bien refléter avec précision le champ d’action du « Records Management », il est essentiel de qualifier les « documents ». (À suivre)

Michel Roberge

1 commentaire:

ID a dit...

Gestion des enregistrements c'est pourtant la traduction littérale non ?

Je me demande, en tous cas pour la France (et ça m'agace encore plus que vous) si reprendre littéralement certaines expressions anglaises n'est pas une façon de leur donner une sens et une allure qu'elles n'ont plus une fois traduites.